Afrique : les pays producteurs d’or devant une situation délicate

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Crédits photo : Stevebidmead sur Pixabay

En Afrique, les pays producteurs d’or se trouvent dans une situation cocasse. En effet, le continent produit certes un quart de l’or mondial, mais les pays africains profitent peu de cette richesse.

Et pour cause, les multinationales étrangères contrôlent la majorité des mines. Par ailleurs, l’instabilité politique freine le développement du secteur, annonce nos confrères du Le360.

Selon le World Gold Council, la production mondiale d’or a atteint 3.700 tonnes en 2024. Cette hausse s’explique par la flambée des prix. Ainsi, l’once d’or est passée de 2.625 dollars à 3.336 dollars depuis le début de l’année. Cette progression représente une hausse spectaculaire de 27,10%.

Parmi les quarante-cinq producteurs mondiaux, quinze pays africains ont produit plus de 900 tonnes d’or. Néanmoins, cette estimation reste incomplète. En réalité, l’orpaillage informel génère des quantités importantes. De plus, la corruption permet l’exportation illégale de grandes quantités d’or.

Une production d’or inégalement répartie parmi les pays d’Afrique

Le Ghana reste le premier producteur africain avec 140,60 tonnes en 2024. Le pays a adopté une politique volontariste pour tirer profit de ses ressources.

D’abord, il a interdit aux étrangers l’accès au marché local de l’or. Ensuite, il a créé le Ghana Gold Board, un monopole d’État. Enfin, il a inauguré sa première raffinerie en août 2024. Cette unité peut traiter 120 tonnes par an, soit 85,7% de la production nationale.

Grâce à ces mesures, les exportations aurifères du Ghana ont bondi de 53,2% en 2024. Elles ont atteint 11,64 milliards de dollars, représentant 57,6% des exportations totales. Toutefois, les multinationales Newmont, Gold Fields et AngloGold Ashanti exploitent encore les principales mines du pays.

Le Mali occupe la deuxième place avec 100 tonnes, malgré une baisse de 23%. Le potentiel malien est exceptionnel, mais les tensions avec les multinationales freinent la production. Notamment, le conflit avec Barrick Gold, propriétaire du site de Loulo-Gounkoto, pénalise le secteur.

Ces tensions découlent du nouveau code minier adopté en août 2023. Ce texte impose une participation maximale de 30% pour l’État dans les mines. Il oblige aussi les investisseurs locaux à détenir 5% des parts. De plus, les compagnies minières doivent déposer leurs bénéfices dans des banques maliennes.

Malgré ces difficultés, ces mesures ont augmenté les recettes fiscales de 52,5%. Elles ont atteint 835 milliards de francs CFA en 2024. L’or représente aujourd’hui 75% des exportations, 25% du budget national et 10% du PIB malien.

L’Afrique du Sud n’arrive plus qu’au troisième rang avec 99 tonnes. L’épuisement des gisements et le manque d’investissements expliquent cette chute. Autrefois premier producteur africain, le pays peine à maintenir sa position.

Les autres producteurs importants sont le Burkina Faso (94,4 tonnes), le Soudan (74 tonnes), la Guinée (68 tonnes) et la Côte d’Ivoire (58 tonnes). Ces dix premiers pays totalisent plus de 727 tonnes. Ce chiffre reste modeste comparé au potentiel du continent.

L’instabilité politique affecte plusieurs grands producteurs. Le Mali, le Burkina Faso, le Soudan et la RDC font face à des conflits. Cette insécurité décourage les investissements et limite l’exploration de nouveaux gisements.

Les tensions géopolitiques expliquent la hausse des prix de l’or. La guerre en Ukraine et les conflits au Proche-Orient créent de l’incertitude. L’inflation, les taux d’intérêt et le retour de Donald Trump alimentent aussi cette tendance. Les banques centrales et l’industrie de la joaillerie maintiennent une demande forte.

Cependant, les retombées restent limitées pour les pays africains. Les multinationales captent l’essentiel des bénéfices. Les États détiennent souvent des participations marginales dans les projets miniers. En outre, l’or s’exporte principalement à l’état brut, privant le continent de valeur ajoutée.

Par exemple, AngloGold Ashanti a réalisé un chiffre d’affaires de 5,8 milliards de dollars en 2024. Son bénéfice net a atteint 1 milliard de dollars. La société a produit 60% de son or en Afrique, soit 1,6 million d’onces.

Néanmoins, une évolution se dessine progressivement. Le Ghana et le Mali amorcent une réappropriation de leurs ressources. Ils adoptent des codes miniers plus favorables et impliquent davantage leurs sociétés nationales. Ils développent aussi des unités de raffinage locales.

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