La République démocratique du Congo (RDC) vient d’entrer dans une nouvelle phase de son histoire minière grâce un important gisement de cuivre et d’étain. Rome Resources, société britannique cotée en bourse, publie sa première estimation des ressources du projet Bisie North, situé dans la province du Nord-Kivu. Les chiffres annoncés attestent d’une découverte d’envergure.
Le permis Bisie North révèle un système polymétallique qui s’étend sous les prospects Kalayi et Mont Agoma. Les forages réalisés entre 2023 et 2025 ont permis de quantifier des ressources inférées combinées : 10 600 tonnes d’étain, 46 900 tonnes de cuivre, 86 200 tonnes de zinc et 1,46 million d’onces d’argent. Voilà les résultats d’un travail préparé par The MSA Group, consultants sud-africains, selon les normes de l’Institut canadien des mines.
Une géologie prometteuse en profondeur
Les forages n’ont atteint que 220 à 250 mètres. Or, les géologues observent un phénomène connu dans cette région : les teneurs en étain s’intensifient avec la profondeur. À Mont Agoma, le cuivre domine près de la surface, puis l’étain prend le relais en descendant. Cette configuration rappelle celle de la mine Bisie d’Alphamin, située à huit kilomètres, qui exploite l’un des gisements d’étain les plus riches au monde.
Paul Barrett, directeur général de Rome Resources, exprime son optimisme dans un communiqué : « Cette estimation représente un jalon important pour Rome Resources et valide l’ampleur et le potentiel polymétallique du projet Bisie North. » Les équipes internes estiment qu’entre 102 000 et 260 000 tonnes d’étain supplémentaires pourraient être définies par des forages plus profonds et latéraux.
Un district minier sous tension
Le contexte géopolitique demeure complexe. Enfin, il faut le rappeler : la région du Nord-Kivu traverse une période d’instabilité liée aux affrontements entre forces gouvernementales et groupes armés. En mars 2025, Rome Resources avait suspendu ses opérations suite à l’offensive du M23 près de Walikale, avant de reprendre quelques semaines plus tard.
La société britannique mobilise actuellement des moyens logistiques conséquents pour lancer une nouvelle campagne de forage. Hélicoptères et équipes de foreurs se préparent à intervenir sur le terrain. Les objectifs : explorer les zones profondes de Kalayi, où trois filons d’étain à haute teneur ont été confirmés à moins de 80 mètres de profondeur, et étendre les connaissances à Mont Agoma Est, où un intervalle de 23 mètres d’étain riche a été intercepté.
Selon les données de Proactive Investors, Rome Resources a levé 1,9 million de livres sterling en novembre 2025 pour financer cette phase d’exploration. Le programme pourrait débloquer entre 53 000 et 144 000 tonnes de ressources minérales additionnelles, multipliant ainsi les volumes identifiés lors de la première estimation. Bref, le potentiel de croissance existe.
La RDC produit environ 25 000 tonnes de minerai d’étain par an, soit 8,3 % de la production mondiale, d’après l’Institut américain d’études géologiques. L’essentiel provient de l’exploitation artisanale dans les Kivus. Bisie North pourrait donc transformer le paysage industriel de la région, déjà reconnu comme l’une des ceintures d’étain les plus prometteuses du continent.
Rome Resources recherche désormais des partenaires stratégiques pour accompagner le développement du projet. Des discussions sont en cours pour augmenter sa participation dans les permis d’exploration, bien qu’aucun accord définitif n’ait été conclu. Le chemin vers la production reste long, mais les fondations géologiques sont posées.