Afrique du Sud : la fille de Zuma au cœur d’une affaire explosive de mercenaires en Russie

Duduzile Zuma -Sambudla fille

Crédits photo : Sky News/Reuters

La police sud-africaine a ouvert ce dimanche 23 novembre 2025 une enquête visant Duduzile Zuma-Sambudla, fille de l’ancien président Jacob Zuma. Elle est accusée d’avoir recruté dix-sept hommes pour combattre en Ukraine aux côtés des forces russes. Deux autres personnes, Siphokazi Xuma et Blessing Khoza, font également l’objet de cette procédure. L’affaire divise la famille Zuma : la plainte émane de Nkosazana Bonganini Zuma-Mncube, demi-sœur de Duduzile, qui a déposé une déclaration sous serment samedi au commissariat de Sandton.

« Poussée par mon obligation morale, j’ai ouvert un dossier criminel contre Mme Duduzile Zuma-Sambudla, Mme Siphokazi Xuma et M. Blessing Khoza », a déclaré Zuma-Mncube dans son communiqué. Elle affirme que huit des dix-sept hommes piégés en Ukraine sont ses propres parents. Le dossier a été transmis aux Hawks, unité spécialisée de la police sud-africaine chargée des crimes contre l’État.

Les hommes, âgés de vingt à trente-neuf ans, ont quitté l’Afrique du Sud en juillet. Ils pensaient suivre une formation de gardes du corps pour le parti uMkhonto we Sizwe, fondé par Jacob Zuma. Mais la réalité était tout autre. Arrivés en Russie, ils ont signé des contrats militaires rédigés entièrement en russe. Ensuite, ils ont été envoyés sur le front dans la région du Donbass. En août, les familles ont perdu le contact.

« Ces hommes ont été attirés en Russie sous de faux prétextes, puis remis à un groupe de mercenaires russes pour combattre dans la guerre en Ukraine, à leur insu et sans leur consentement », précise la porte-parole de la police, la brigadière Athlenda Mathe. Les charges exactes seront déterminées après l’enquête. Zuma-Mncube allègue des violations de la loi sur la prévention et la lutte contre la traite des personnes, de la loi sur la réglementation de l’assistance militaire étrangère et de la fraude selon le droit commun.

La présidence sud-africaine a reçu début novembre des appels de détresse de ces hommes coincés dans le Donbass. Le président Cyril Ramaphosa a ordonné une enquête pour déterminer comment ils se sont retrouvés impliqués auprès de forces mercenaires. Le gouvernement travaille par voie diplomatique pour obtenir leur rapatriement. Bref, une affaire qui embarrasse Pretoria.

Duduzile Zuma-Sambudla, députée influente du parti MK, n’a pas réagi publiquement aux accusations. Son représentant légal n’a pas donné suite aux demandes de commentaires des médias. Elle fait déjà l’objet de poursuites distinctes pour incitation au terrorisme et à la violence publique liées aux émeutes meurtrières de juillet 2021. Plus de trois cents personnes avaient trouvé la mort lors de ces troubles qui avaient secoué le KwaZulu-Natal et Gauteng après l’emprisonnement de Jacob Zuma pour outrage à la justice. Le procès se déroule actuellement devant la Haute Cour de Durban. Elle a plaidé non coupable.

Des messages WhatsApp consultés par Bloomberg montrent que Duduzile a rassuré les familles en affirmant que les recrues ne seraient pas envoyées au combat. Pourtant, les hommes ont rapidement signalé qu’ils se rapprochaient d’une zone de guerre. « En ce moment même, nous faisons nos bagages et nous nous préparons à partir vers la zone de guerre », a écrit l’un des jeunes hommes dans un message adressé à Duduzile Zuma, s’interrogeant sur la confiscation de son téléphone et de ses cartes bancaires.

L’Ukraine a averti à plusieurs reprises que des ressortissants africains étaient ciblés par des recruteurs russes. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiga, a déclaré la semaine dernière que mille quatre cent trente-six ressortissants africains de trente-six pays avaient été identifiés dans les rangs russes. Olexander Shcherba, ancien ambassadeur ukrainien en Autriche et désormais envoyé en Afrique du Sud, a reçu des courriels de familles inquiètes. « Depuis que cette nouvelle a éclaté, j’ai reçu des courriels de membres de la famille de ces jeunes gens qui ont été attirés sur la ligne de front. Et ils étaient désespérés. Ne faites pas ça à vos mères, à vos pères et à vos sœurs », a-t-il déclaré.

Enfin, il est illégal pour les Sud-Africains de rejoindre une armée étrangère sans autorisation du gouvernement. La Russie a fait face à des accusations similaires de la part de l’Inde, du Népal, du Kenya et d’autres pays en développement, qui l’accusent de recruter leurs citoyens pour combattre en Ukraine sous de faux prétextes. Les ambassades russe et ukrainienne en Afrique du Sud n’ont pas répondu immédiatement aux demandes de commentaires. Les familles attendent toujours des nouvelles de leurs proches piégés dans l’une des zones les plus dangereuses du monde.

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