Les paramilitaires soudanais ont bombardé jeudi 01 mai 2025, le palais présidentiel à Khartoum, dans leur deuxième frappe en une semaine sur la capitale, reprise par l’armée fin mars, a indiqué une source militaire.
Les Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l’armée depuis deux ans, ont utilisé de « l’artillerie à longue portée » depuis al-Salha, position située au sud d’Omdurman, ville jumelle de Khartoum, a déclaré cette source à l’AFP sous couvert d’anonymat.
Aucune victime n’a été signalée dans l’immédiat.
Samedi, les paramilitaires avaient déjà visé le centre de Khartoum et touché le siège du commandement général de l’armée, selon une source militaire.
Le Soudan, troisième plus grand pays d’Afrique en superficie, est en proie depuis avril 2023 à la lutte pour le pouvoir que se livrent le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d’Etat en 2021, et son ancien adjoint, Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des FSR.
Au début de la guerre, l’armée s’était repliée vers l’est, transférant le siège du gouvernement à Port-Soudan sur la mer Rouge, avant de relancer l’offensive, parvenant à déloger les paramilitaires du centre de Khartoum.
En mars, elle a repris le palais présidentiel, l’aéroport et d’autres zones stratégiques de la capitale. Mais les paramilitaires s’accrochent toujours aux positions qu’ils conservent dans le sud et l’ouest d’Omdurman.
« Horreur sans limites »
A l’autre bout du pays, ils intensifient la pression militaire sur le Darfour, la grande région aride occidentale, où ils assiègent depuis près d’un an la capitale du Darfour-Nord, El-Facher.
Ces dernières semaines, la ville et des camps de déplacés voisins, ont été ciblés par des bombardements incessants. Pris d’assaut par les FSR, le camp de Zamzam, qui abritait jusqu’à un million de personnes, a été massivement fui par ses résidents, jetés sur les routes.
Jeudi, les paramilitaires ont revendiqué la prise de la ville d’En Nahud, un poste clé sur la route permettant à l’armée d’envoyer des renforts au Darfour, à 400 km à l’est d’El-Facher. Des témoins ont confirmé à l’AFP l’entrée des paramilitaires dans la ville.
« L’horreur de ce qui se passe au Soudan est sans limites », a alerté jeudi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Volker Türk.
La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné 13 millions de personnes et plongé certaines régions dans la famine, provoquant « une des pires catastrophes humanitaires » au monde, selon l’ONU.
Les deux camps sont accusés d’exactions et atrocités, et la diplomatie britannique a récemment alerté sur « certaines violences au Darfour » ayant « les caractéristiques d’un nettoyage ethnique ».
« Vidéos horribles »
Rien que ces trois dernières semaines, l’ONU a recensé au moins 542 civils tués au Darfour-Nord mais avec un « bilan réel sans doute beaucoup plus élevé ».
M. Türk a aussi pointé des exécutions sommaires « extrêmement choquantes » de dizaines de personnes ces dernières semaines dans la région de Khartoum.
« Des vidéos horribles circulant sur les réseaux sociaux montrent au moins 30 hommes en civil arrêtés et exécutés par des hommes armés en uniformes des FSR » dans le sud d’Omdurman et « dans une vidéo ultérieure, un commandant des FSR a reconnu les meurtres », a souligné M. Türk.
Ces exécutions font suites aux meurtres de dizaines de personnes il y a quelques semaines pour avoir collaboré avec les paramilitaires, a-t-il rappelé.
« Il est plus que temps que ce conflit cesse », a-t-il insisté.
Alors que le conflit est entré dans sa troisième année, le général Daglo a annoncé mi-avril la mise en place d’un gouvernement rival parallèle, signe selon l’ONU que le pays risque de s’enraciner dans la crise et la fragmentation.
Le pays est de facto divisé en deux, l’armée tenant le centre, l’est et le nord, et les paramilitaires contrôlant la quasi-totalité du Darfour et certaines parties du sud.
© Avec l’Agence France-Presse