Le Nigéria écrit une nouvelle page de son histoire industrielle avec l’ouverture d’une usine de traitement de karité à Kudu, révèle SikaFinance.
La nouvelle usine n’est pas ordinaire. Et pour cause, chaque jour, elle peut transformer 100 tonnes de noix en beurre de karité. Sur une année complète, cela représente 30 000 tonnes. Salid Agriculture Nigeria Limited, l’entreprise à l’origine de ce projet, a reçu l’appui de NEXIM Bank pour concrétiser le projet.
Pourquoi cette usine fait-elle parler ? La réponse tient en quelques chiffres saisissants. Le Nigéria produit 351 000 tonnes de noix de karité chaque année, soit 60% de la production planétaire selon SikaFinance. Pourtant, le pays ne gagne que 14,6 millions de dollars avec ses exportations transformées. Une goutte d’eau comparée aux 700 millions de dollars de potentiel identifiés par les experts nigérians.
Cette contradiction frappe par son absurdité. Comment le premier producteur mondial peut-il si mal valoriser sa richesse naturelle ? L’explication réside dans une réalité simple : jusqu’alors, la plus gros de la transformation était artisanale. Leurs méthodes, bien que respectables, ne permettaient pas une production industrielle moderne.
Abba Bello, patron de NEXIM Bank, résume parfaitement cette situation paradoxale. « Le manque d’usines constitue un frein majeur à la compétitivité du Nigéria sur le marché mondial », confie-t-il dans les documents officiels cités par SikaFinance. Son institution bancaire promet désormais d’accompagner cette révolution industrielle du karité.
L’approvisionnement de l’usine suit une logique intelligente et solidaire. Salid Agriculture a scellé un accord de 2 milliards de nairas avec Niger Foods, l’entreprise publique locale. Ce partenariat garantit l’achat direct des noix auprès des femmes et jeunes collecteurs. Ainsi, l’industrialisation n’exclut pas les acteurs traditionnels mais les intègre dans une chaîne moderne.
Par ailleurs, derrière cette inauguration se cache Mohammed Umaru Bago. Ce gouverneur surnommé « l’agriculteur » transforme littéralement l’État du Niger en géant du karité, rapporte SikaFinance. Son plan ? Planter 10 millions d’arbres sur 10 000 hectares. Une forêt artificielle qui sécurisera l’approvisionnement pour les décennies futures.
Sa stratégie est simple : plutôt que d’exporter des matières premières brutes vers l’étranger, le Nigéria choisit de les transformer localement. Résultat : plus de valeur ajoutée, plus d’emplois, plus de revenus pour les populations.
L’impact dépasse largement les frontières économiques. Pour des milliers de femmes rurales, cette usine représente une opportunité d’autonomisation financière.
Elles conservent leur rôle de collectrices tout en bénéficiant d’un débouché industriel stable et rémunérateur.