En Afrique de l’Ouest, le Bénin pourrait sauter le pas et rejoindre la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Nigeria au rang des pays qui ont opéré des restrictions sur les importations de volaille.
Au Bénin, cet objectif annoncé depuis deux ans semble aussi ambitieux que compliqué dans sa concrétisation.
« Au 31 décembre 2024, vous pourrez dire merde aux poulets congelés importés. Ça ne viendra plus et nous allons faire nos fêtes avec nos propres poulets, nos pintades, nos canards, ce que nous avons élevé nous-mêmes », avait promis Gaston Dossouhoui, ministre de l’Agriculture en avril 2023.
Plus de cinq mois après l’échéance fixée, l’optimisme s’est estompé. Au lieu d’un arrêt « brutal », c’est désormais un retrait progressif des marchandises importées qui est privilégié. L’objectif ? « Permettre aux acteurs locaux de se renforcer progressivement tout en garantissant aux consommateurs des prix abordables. Nous devons nous assurer que l’offre locale est suffisante pour répondre aux besoins des consommateurs », avait affirmé Wilfried Houngbédji, porte-parole du gouvernement. Du côté de la filière, les avis sont partagés. Si d’aucuns rongent leur frein face à ce report, d’autres approuvent ce revirement.
« Je comprends, d’une part, que le gouvernement souhaite s’assurer que l’offre locale soit en mesure de prendre le relais avant de mettre fin aux importations. D’autre part, les acteurs de la filière restent prudents, car ils ont besoin de garanties concrètes avant d’engager davantage leurs ressources. Certains estiment que les importateurs exercent un lobbying pour que la décision ne soit jamais prise. Mais après tout, cela relève de leur droit : chacun défend ses intérêts. À mon sens, ce qui serait opportun à ce stade, ce serait d’acter clairement la décision, quitte à y mentionner une date d’application raisonnablement ultérieure », indique Johannes Edoh, secrétaire permanent de l’Interprofession de l’Aviculture du Bénin (IAB).