Afrique de l’Ouest : comment le vol de bétail est devenu une source de financement du terrorisme

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Crédit Photo : RFI

Longtemps considéré comme une nuisance limitée aux campagnes reculées, le vol de bétail s’est transformé en Afrique de l’Ouest en une source de financement du terrorisme.

Au Nigeria, pays en première ligne face au terrorisme, cette pratique alimente désormais les finances de groupes armés et contribue à la spirale d’insécurité qui frappe les zones rurales.

Lors de la 27e Conférence régionale africaine d’Interpol, tenue au Cap le 28 août 2025, l’inspecteur général de la police nigériane, Kayode Adeolu Egbetokun, a tiré la sonnette d’alarme.

« Le vol de bétail n’est plus seulement un crime contre des éleveurs. Il s’est mué en un levier de financement pour des réseaux terroristes et criminels, avec des conséquences régionales graves », a-t-il prévenu.

Ce phénomène, en apparence anodin, s’inscrit désormais dans des circuits criminels complexes. Les recettes issues de la revente clandestine de bétail servent à acheter des armes, financer la logistique de groupes armés ou encore produire des engins explosifs improvisés.

Selon les autorités nigérianes, les itinéraires de contrebande utilisés pour écouler le bétail volé sont parfois les mêmes que ceux employés pour le trafic de matières sensibles, notamment radiologiques et biologiques, augmentant le risque de prolifération des menaces dites CBRNE (chimiques, biologiques, radiologiques, nucléaires et explosives).

Pour faire face au terrorisme, le Nigeria demande une alliance pour éviter le vol du bétail en Afrique

Face à ce défi, le Nigeria a présenté une feuille de route en six points : fusion des renseignements policiers, réforme des marchés de bétail pour limiter les reventes illégales, lutte contre le blanchiment d’argent lié aux transactions clandestines, coopération renforcée aux frontières, partenariats communautaires avec les éleveurs et dispositifs de préparation aux risques CBRNE.

En marge de la conférence, le chef de la police nigériane a multiplié les rencontres bilatérales avec Interpol et avec plusieurs délégations, dont celle du Brésil, afin d’élargir l’échange de renseignements et de renforcer la coopération policière internationale.

L’objectif consiste à sécuriser le commerce du bétail, protéger les communautés rurales et priver les groupes extrémistes d’une source de financement stratégique.

« Le Nigeria entend montrer la voie et travailler avec ses partenaires régionaux et mondiaux pour construire une Afrique plus sûre », a résumé Kayode Adeolu Egbetokun.

Il a appelé à une alliance continentale et mondiale pour sécuriser le commerce du bétail en Afrique, protéger les populations rurales et empêcher l’exploitation extrémiste des vulnérabilités.

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