Un cadre de l’opposition à la junte en Guinée, Abdoul Sacko, qui avait été enlevé fin février puis retrouvé le lendemain après avoir subi des tortures selon ses avocats, a été évacué à l’étranger pour des « soins », a annoncé vendredi soir une coalition de partis, de syndicats et d’ONG.
M. Sacko, enlevé le 19 février à son domicile par des hommes « encagoulés » et armés selon ses avocats, avait été retrouvé le lendemain près du camp 66 « dans un état critique, torturé et abandonné par ses ravisseurs », selon ces mêmes avocats.
Le camp 66, situé à une soixantaine de kilomètres de Conakry, est une base des forces spéciales, un bataillon d’élite de l’armée qui a pris le pouvoir en Guinée par un coup d’Etat en 2021.
M. Sacko est l’un des responsables des Forces vives de Guinée, une coalition de partis, de syndicats et d’ONG qui réclame un retour des civils au pouvoir. Son enlèvement avait suscité de vives protestations dans le pays et à l’international.
« Les Forces Sociales de Guinée informent l’opinion nationale et internationale qu’après sept semaines de soins médicaux prodigués en Guinée suite à son enlèvement forcé, leur coordinateur, M. Abdoul Sacko, a été transféré à l’étranger pour des examens approfondis et des soins spécialisés », a annoncé cette coalition dans un communiqué.
Selon une source syndicale sous couvert d’anonymat, M. Sacko a fait une première escale dans la capitale sénégalaise Dakar, « où les médecins jugeront de la nécessité de le conduire en Europe ou ailleurs ».
« Pour le moment, il va faire des examens approfondis après son kidnapping violent en février dernier et les tortures qu’il a subies », a indiqué cette source à l’AFP.
Les Forces Sociales de Guinée « nourrissent l’espoir que, grâce aux soins médicaux qu’il recevra à l’étranger, les douleurs musculaires et articulaires persistantes seront traitées efficacement et qu’il pourra reprendre ses activités », précise le communiqué.
Cette coalition dit déplorer « le silence de l’Etat, qui n’a fait aucune communication officielle sur (le) cas tragique » de M. Sacko.
Elle considère « ce silence comme un manquement grave de la part des autorités, face à cet acte criminel d’enlèvement forcé suivi de tortures et de traitements inhumains infligés à un citoyen et leader d’opinion », dont le seul tort est « sa prise de position en faveur d’une gouvernance respectueuse des droits humains, des principes démocratiques et des libertés fondamentales », poursuit le communiqué.
Les Forces Sociales de Guinée expriment également leur « solidarité envers toutes les victimes d’enlèvements » et « d’emprisonnement arbitraires, pratiques devenues malheureusement récurrentes ces derniers temps en Guinée ».
La junte du général Mamadi Doumbouya en Guinée est régulièrement accusée de réprimer la liberté d’expression et de faire taire des figures de l’opposition.
Deux opposants qui réclament un retour des civils au pouvoir, Oumar Sylla, alias Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah, sont portés disparus depuis juillet 2024.
Des manifestations réclamant le départ des militaires sont régulièrement interdites et plusieurs médias ont été fermés dans le pays.
@Avec l’AFP