Il quitte ses fonctions la tête haute. Azali Assoumani, président des Comores, mais aussi ancien putschiste, vient de passer le flambeau de la présidence tournante de l’Union Africaine (UA).
Un mandat d’un an au sommet qu’il dit avoir rempli avec fierté, en dépit des doutes initiaux sur les capacités de son « petit pays ».
« On nous a fait confiance, on n’avait pas intérêt à décevoir », reconnaît l’ancien putschiste devenu dirigeant respectable.
Lors de son élection surprise en janvier 2023, son arrivée au perchoir de l’UA avait en effet suscité des interrogations. Mais Assoumani se félicite d’avoir démontré qu’un petit État comme les Comores, archipel de 800 000 habitants, pouvait assumer de telles responsibilités.
« S’il y a des petits pays, il n’y a pas de petit État », affirme-t-il, rappelant que les Comores ont autant de voix à l’ONU que les superpuissances.
« L’Afrique a prouvé au monde qu’elle respecte les droits de n’importe lequel de ses États membres », se réjouit-il.
Azali Assoumani dit garder la fierté d’avoir été le premier dirigeant comorien à présider l’UA.
« C’est une fierté pour les Comores et pour les petits pays », insiste l’homme fort de l’archipel.
Un ancien putschiste qui ne s’est pas voulu
Ancien militaire, il rejette le qualificatif de « putschiste » malgré son coup d’État de 1999. Un acte justifié selon lui pour restaurer l’unité nationale. Son parcours en dit long sur sa trajectoire vers le pouvoir.
Durant son mandat à la tête de l’UA, Assoumani estime avoir rempli les deux principales missions qui lui avaient été confiées.
Catalyser la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et intégrer l’Afrique au G20. Des dossiers sur lesquels il se targue d’avoir « bien avancé ».
S’il regrette de n’avoir pu faire davantage sur la paix et la sécurité, de nouveaux défis s’étant ajoutés comme les coups d’État au Niger et Gabon, l’ancien putschiste se veut toutefois une voix légitime auprès des juntes.
« J’ai beaucoup de conseils à leur donner. J’essaie d’aller discuter avec eux, voir ce qui les a poussés à faire ça », assure Azali Assoumani. Une posture de médiateur appuyée sur son parcours controversé.
Aujourd’hui réélu pour un nouveau mandat à la tête des Comores, le président entend continuer « d’approfondir pour savoir comment prévenir » les coups d’État.
« Si les responsables ont un comportement digne, cela pourrait dissuader les militaires », juge-t-il.
Enfin, s’il n’a pas relancé le dossier de Mayotte pendant sa présidence de l’UA, Assoumani assure vouloir jouer la carte du « dialogue » avec la France, qui contrôle cette île comorienne.
Dans un esprit de « pragmatisme » éloigné des discours revendicateurs passés. L’ex-putschiste semble avoir appris la prudence.
© Avec AFP
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