Afrique : 4000 milliards $ restent sous-exploités pendant que le continent s’endette

Afrique : 4000 milliards $ restent sous-exploités pendant que le continent s'endette

Crédits photo : Pexels / Andrea Piacquadio

En Afrique, des milliards de dollars sont restés sous-exploités pendant que dans le même temps le continent s’endette.

L’Africa Finance Corporation a estimé que près de 4000 milliards $ de ressources financières internes sont restés sous-exploités sur le continent. L’absence de canaux structurés a freiné leur orientation vers des investissements productifs. Des experts ont souligné l’importance d’impliquer davantage le secteur privé et les banques locales dans cette mobilisation.

Lors d’un panel consacré au financement du développement en Afrique, Samaila Zubairu, président et directeur général de l’Africa Finance Corporation (AFC), a révélé que le continent disposait d’un potentiel inexploité avoisinant les 4000 milliards $, une réserve cruciale pour soutenir sa croissance.

« Notre dernier rapport sur les infrastructures en Afrique dévoile qu’il existe jusqu’à 2500 milliards $ de ressources bancaires et environ 1100 milliards $ de ressources non bancaires, dont 455 milliards $ de fonds de pensions, 320 milliards $ dans le secteur des assurances, 450 milliards $ de réserves de change, 250 milliards $ dans les banques publiques de développement, 150 milliards $ de fonds souverains et une valeur de ressources non mesurée dans le secteur informel », a expliqué M. Zubairu.

Pour Samaila Zubairu, le véritable enjeu ne réside pas dans le manque de ressources, mais dans l’absence de mécanismes fiables pour les orienter vers des secteurs productifs, notamment les infrastructures. Il a souligné que les investissements étrangers ne pourront affluer durablement que si les capitaux déjà présents sur le continent sont pleinement mobilisés et valorisés. Son intervention s’inscrivait dans un échange sur les moyens de financer un commerce africain durable.

Dans cette même discussion, Arnold Ekpe, ancien directeur général d’Ecobank, a mis en avant la capacité du secteur privé à débloquer plus efficacement les financements disponibles, contrairement aux approches souvent centralisées des plans étatiques.

Simon Tiemtoré, président de Vista Group Holding, a quant à lui insisté sur le rôle stratégique des banques commerciales locales dans la structuration des financements. Selon lui, ces institutions peuvent orienter les ressources existantes vers des projets d’infrastructures tangibles — telles que des routes, des centrales énergétiques ou d’autres équipements essentiels — à l’image de plusieurs initiatives déjà concrétisées en Afrique de l’Ouest.

« Au Burkina Faso, le gouvernement avait besoin de 700 à 800 millions d’euros pour les routes. Beaucoup disaient que c’était irréaliste. Vista Bank a structuré l’opération, puis a fait intervenir la Banque Africaine de Développement et la Banque Ouest-Africaine de Développement pour cofinancer. Résultat : les routes sont en construction. De même pour deux aéroports à Bobo-Dioulasso et Gaoua, des projets en attente depuis 27 ans. Nous avons fait de même en Guinée, au Mozambique, en Gambie et en Sierra Leone, où l’aéroport de Freetown est désormais tout neuf », a-t-il fait savoir.

Le financement du commerce intra-africain connaît une phase de transition, portée par l’évolution des priorités des économies autrefois majeures donatrices d’aide publique au développement.
Malgré cela, l’Afrique demeure freinée dans sa capacité à produire pour ses propres marchés. Ces dernières années, des institutions comme Afreximbank ont profité de conditions favorables, mais la récente dégradation de la note Fitch annonce des défis à moyen terme. Toutefois, ces obstacles restent surmontables, selon les acteurs locaux.

Les 4000 milliards de dollars restés sous-exploités en Afrique représentent un potentiel clé pour financer le développement et stimuler un commerce durable.

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