AES : un membre du groupe accusé des pires exactions par cette ONG

Le Burkina Faso fonction publique

Crédits photo : Freepik / Slon Pics

L’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé l’armée du Burkina Faso, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES), d’avoir « dirigé et participé au massacre de plus de 130 civils peuls », ethnie stigmatisée, en mars près de Solenzo dans l’ouest du pays, selon un rapport publié lundi.

En mars, tandis que des vidéos de dizaines de corps ensanglantés circulaient sur les réseaux sociaux et suscitaient l’indignation, HRW avait demandé à gouvernement burkinabè l’ouverture d’une enquête. Le gouvernement avait nié tout massacre.

La justice burkinabè avait toutefois ouvert une enquête concernant des appels à « l’extermination » de Peuls, ethnie régulièrement prise pour cible au Sahel, accusée de nourrir les rangs des groupes jihadistes qui minent la région.

De lourdes accusions contre le membre de l’AES

« L’armée du Burkina Faso a dirigé et a participé au massacre de plus de 130 civils peuls – et potentiellement bien plus – commis par des milices pro-gouvernementales dans la région occidentale de la Boucle du Mouhoun en mars 2025 », écrit HRW.

L’armée burkinabè et ses supplétifs civils, les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), ont plusieurs fois été accusés d’avoir commis des massacres de civils.

Le massacre près de Solenzo « a eu lieu au cours de +l’Opération Tourbillon Vert 2+, une campagne de grande envergure menée sur plusieurs semaines par les forces spéciales burkinabè qui a provoqué la mort de nombreux civils et des déplacements massifs de personnes peules », a précisé l’ONG.

Selon des témoignages de villageois de la province des Banwa (dont Solenzo est le chef-lieu), rapportés par HRW, « dans la zone située entre les villages de Béna et Lékoro, l’armée et les VDP ont coupé la route aux personnes en fuite en les prenant apparemment en tenaille, puis ont massacré au moins 130 civils et peut-être plusieurs centaines pris au piège dans la brousse ».

« Des hélicoptères et des drones militaires surveillaient la zone, indiquant un contrôle direct du commandement de l’opération », a indiqué l’ONG.

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe), groupe jihadiste affilié à Al-Qaïda en activité sur le territoire du membre de l’AES, « a ensuite lancé une série d’attaques en représailles dans la province du Sourou, ciblant apparemment des villages qu’il considérait comme soutenant l’armée et tuant au moins 100 civils », a écrit Human Rights Watch.

Pour la chercheuse sur le Sahel à HRW, Ilaria Allegrozzi, « l’ampleur des atrocités perpétrées par les forces gouvernementales, les milices et les groupes armés islamistes dans l’ouest du Burkina Faso reste largement passée sous silence ».

© Agence France-Presse

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