AES : la France en disgrâce au Burkina Faso, au Mali et au Niger, les États-Unis reprend…

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Crédit photo : Service d'Information du gouvernement du Burkina Faso sur Facebook

Avec la France qui se retrouve en disgrâce dans les pays de l’AES (Burkina Faso, Mali, Niger), les États-Unis intensifient leurs démarches diplomatiques pour une place qui s’est libéré.

Mieux encore, le pays fait tout pour reconquérir leur influence dans la région du Sahel. Ainsi, l’offensive intervient alors que la France a subi une dégradation de ses relations avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, rassemblés dans l’AES, ont d’ailleurs longtemps accusé la France de tentatives de déstabilisation et d’ingérences, créant un vide géopolitique que les États-Unis tente de combler.

Les initiatives américaines se multiplient à travers des visites de haut niveau dans la région. À Bamako, Rudolph Atallah, directeur adjoint principal pour la lutte contre le terrorisme à la Maison Blanche, a effectué une visite officielle du 8 au 10 juillet.

Il a rencontré le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop et le ministre de la Sécurité pour discuter d’une coopération rénovée et respectueuse de la souveraineté malienne.

Les discussions ont porté sur plusieurs axes stratégiques. D’abord, la reprise en main de la sécurité par les autorités maliennes elles-mêmes.

Ensuite, le renforcement des capacités des forces nationales par l’apport d’expertise et d’équipements. Par ailleurs, l’intégration de la Confédération des États du Sahel dans la lutte antiterroriste régionale. Enfin, la dénonciation par Bamako de soutiens extérieurs aux groupes armés terroristes.

À Ouagadougou, le 27 mai, le Sous-Secrétaire d’État pour l’Afrique de l’Ouest Will Stevens a transmis un message du président Donald Trump au ministre burkinabè des Affaires étrangères Karamoko Jean Marie Traoré.

Les responsables ont évoqué une coopération solide et respectueuse de la souveraineté burkinabè. Stevens s’est engagé à lever les obstacles occidentaux à l’acquisition d’équipements militaires par le Burkina Faso.

Le commandant d’AFRICOM, le général Michael Langley, a nuancé ses critiques sur la gestion des ressources par le Burkina Faso lors d’une intervention à Nairobi le 30 mai 2025.

Il a reconnu la recrudescence des attaques terroristes dans le Sahel depuis le retrait américain du Niger en 2024. Cette reconnaissance implicite d’échec ouvre la voie à une révision de la stratégie américaine dans la région.

Au Niger, fin avril 2025, le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine a rencontré à Washington l’ambassadeur Troy Fitrell pour discuter de la relance des relations bilatérales. Cette rencontre survient après que Niamey a dénoncé les accords de défense avec Washington, entraînant le départ progressif des troupes américaines de la base stratégique d’Agadez.

Ces gestes américains interviennent dans un contexte de dégradation continue des relations franco-sahéliennes. Les autorités malienne, burkinabè et nigérienne accusent Paris de tentatives de déstabilisation et justifient leur retrait de la Cédéao par l’instrumentalisation de cette organisation par la France. Cette rupture marque la fin d’une époque de coopération privilégiée entre l’ancienne puissance coloniale et ses anciennes colonies.

Parallèlement, ces pays ont resserré leurs liens avec Moscou. Des instructeurs russes ont été déployés dans les trois pays pour assurer la formation et appuyer leurs forces dans la lutte contre le terrorisme. Cette coopération militaire russe offre une alternative crédible aux partenariats occidentaux traditionnels et renforce l’autonomie stratégique de ces régimes.

La stratégie américaine oscille entre volonté de réengagement sécuritaire, respect affiché de la souveraineté et pressions diplomatiques ciblées. Washington maintient certaines restrictions, notamment sur les visas pour les ressortissants nigériens et burkinabè en raison de contentieux migratoires. Cette approche ambivalente reflète les difficultés américaines à redéfinir leur présence sahélienne.

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