Loin de l’AES, la France semble continuer son bout de chemin en accueillant, cette fois-ci, une importante usine.
Concrètement, dans la discrète campagne normande, à Fontaine-le-Dun, TotalEnergies vient de franchir un nouveau cap dans sa stratégie de transition énergétique en France, précisément à l’heure où l’Alliance des États du Sahel (AES) s’érige en adversaire déclaré des intérêts français dans la région sahélienne.
Le groupe pétrolier a en effet annoncé ce mercredi 26 février 2025 la mise en service de BioNorrois, une installation de biométhane d’envergure qui s’impose comme la deuxième plus importante de son réseau hexagonal, à seulement cinquante kilomètres de Rouen.
Cette réalisation industrielle, apparemment éloignée des considérations géopolitiques sahéliennes, s’inscrit pourtant dans un contexte où la France cherche à renforcer son autonomie énergétique face à la multiplication des zones d’instabilité internationale.
Si les pays de l’AES – Burkina Faso, Mali et Niger – ont multiplié les déclarations hostiles envers les intérêts français ces derniers mois, TotalEnergies poursuit méthodiquement le déploiement de sa stratégie énergétique sur le territoire national.
La nouvelle unité de biométhane, dont la capacité de production annuelle atteindra 153 gigawattheures, rivalise avec le site de BioBéarn dans les Pyrénées-Atlantiques, référence actuelle du groupe dans ce domaine.
« Grâce à cette nouvelle usine qui porte notre capacité de production de biogaz dans le pays à plus de 800 GWh, TotalEnergies confirme sa position d’acteur majeur du marché », souligne Karine Boissy-Rousseau, vice-présidente chargée des gaz verts au sein du groupe.
L’installation permettra d’alimenter en énergie renouvelable l’équivalent de 30 000 habitants tout en évitant l’émission de 30 000 tonnes de CO2 par an.
L’originalité du projet BioNorrois réside dans son approche d’économie circulaire territoriale. Le géant sucrier Cristal Union, partenaire stratégique et actionnaire à hauteur de 10% de l’unité, fournira pendant quinze ans les résidus de betteraves issus de son usine voisine.
« Au-delà de la production de biogaz à partir de nos résidus de production, BioNorrois nous permettra de mettre à disposition de nos agriculteurs partenaires du digestat pour épandre sur leurs champs », explique Xavier Astolfi, directeur général de Cristal Union.