Quelques mois après sa sortie définitive de la CEDEAO, le Mali, membre de l’Alliance des États du Sahel (AES), vient d’inscrire son nom dans l’histoire de la lutte contre le paludisme.
En effet, le pays vient de lancer officiellement sa campagne de vaccination utilisant le vaccin antipaludique RTS,S/AS01.
Cette initiative est d’autant plus importante que dans le pays, cette maladie représente encore une cause majeure de mortalité, particulièrement chez les enfants et les femmes enceintes.
Le vaccin contre le paludisme, une avancée majeure pour le Mali
Le vendredi 25 avril 2025, à Kalaban-Coro, les autorités sanitaires maliennes ont procédé à l’administration des premières doses du vaccin, ciblant prioritairement les enfants de 0 à 36 mois ainsi que les femmes enceintes.
L’événement coïncidait avec le lancement de la 18ᵉ édition de la Journée mondiale et de la Semaine nationale de lutte contre le paludisme, organisée sous le thème évocateur : « Le paludisme s’arrête avec nous : réinvestir, réimaginer, raviver ».
L’ampleur du défi sanitaire est considérable : selon les données du système DHIS2 du ministère de la Santé malien, le paludisme représentait en 2024 près de 39,4% des cas de morbidité et 25% des décès dans le pays, affectant plus de 3,7 millions de personnes. Ces chiffres alarmants illustrent l’urgence d’une réponse sanitaire renforcée.
Pour cette première phase de vaccination, 19 districts répartis dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou et Mopti ont été sélectionnés.
Le déploiement s’étendra dès 2026 à 33 districts supplémentaires, positionnant ainsi le Mali comme le 20ᵉ pays au monde à intégrer officiellement ce vaccin recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cette avancée résonne particulièrement dans un contexte où, selon le dernier Rapport mondial de l’OMS, le paludisme a causé 608 000 décès en 2023, dont 95% en Afrique subsaharienne.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le médecin colonel Assa Badiallo Touré, ministre de la Santé et du Développement social, a salué cette étape cruciale survenant après 35 années de recherches intensives.
« Malgré nos efforts de prévention, il nous fallait un outil supplémentaire pour renforcer notre stratégie », a-t-elle souligné, rendant hommage aux chercheurs africains, notamment au défunt Professeur Ogobara Doumbo, figure emblématique de la recherche antipaludique.
M. Thierry Vincent, représentant de GAVI (l’Alliance du Vaccin), a qualifié l’introduction du vaccin au Mali de « tournant historique », réaffirmant l’engagement continu de son organisation auprès des autorités maliennes. De son côté, le représentant de l’OMS a tenu à rassurer la population sur la sécurité du vaccin, mettant en avant l’absence d’effets secondaires majeurs observés lors des essais pilotes.
Selon les évaluations officielles, le vaccin RTS,S/AS01, administré en plusieurs doses, pourrait réduire de 40% les formes graves de paludisme chez les jeunes enfants.
Cependant, les experts insistent sur la nécessité d’une approche holistique, combinant la vaccination avec l’utilisation de moustiquaires imprégnées, l’accès rapide aux soins et l’amélioration des conditions sanitaires environnementales.
En marge de cette journée symbolique, le gouvernement malien a également remis sept ambulances à des structures sanitaires pour soutenir la logistique de la campagne.
Des activités de sensibilisation et des manifestations culturelles ont rythmé l’événement, témoignant de la mobilisation collective face à ce fléau sanitaire.
La réussite de cette campagne reposera sur une large adhésion populaire et la poursuite des efforts préventifs, dans un contexte régional fragilisé.
Avec cette initiative d’envergure, le Mali s’engage résolument sur la voie de l’élimination du paludisme à l’horizon 2030, ambition qui nécessitera un engagement soutenu des autorités sanitaires, des partenaires internationaux et des communautés locales.