Après avoir tourné le dos à la CEDEAO, le Mali, le Burkina Faso et Niger, réunis au sein de l’AES, ont décidé de lancer leur propre carte d’identité biométrique.
En effet, les pays du Sahel ont renforcé leur intégration en lançant un passeport biométrique commun. Ils ont poursuivi cet élan en validant la mise en circulation prochaine d’une carte biométrique unique, symbole fort de leur souveraineté retrouvée.
Au cœur des ambitions de l’AES, l’adoption prochaine d’une carte d’identité biométrique commune a franchi une étape décisive. En effet, lors du conseil des ministres réuni à Bamako le 16 juillet 2025, Daoud Aly Mohammedine, ministre malien en charge de la Sécurité et de la Protection civile, a officialisé l’adoption d’un décret créant cette carte nationale d’identité biométrique propre à l’Alliance.
Cette initiative, qui visait à faciliter la libre circulation des citoyens au sein de cet espace confédéral, avait déjà reçu un premier feu vert lors d’une réunion ministérielle tenue en novembre 2024 dans la capitale malienne. Par la suite, le général Assimi Goïta, président de la Confédération, a entériné cette décision en avril 2025, témoignant ainsi de l’importance stratégique de ce projet.
Par ailleurs, ce projet s’inscrivait dans une dynamique plus large de souveraineté et de réorganisation régionale. Ainsi, les trois pays fondateurs, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont formalisé leur retrait de la CEDEAO dès janvier 2025, marquant une rupture symbolique et institutionnelle majeure.
Nés de bouleversements politiques survenus entre 2020 et 2023, les régimes actuellement à la tête des pays membres de l’AES ont amorcé une reconfiguration majeure de l’espace sahélien. Plutôt que de s’enfermer dans l’isolement, ils ont choisi de transformer leur proximité politique en un véritable projet régional.
Dans ce cadre, ils ont lancé une série d’initiatives structurantes, avec pour ambition de renforcer leur solidarité. L’une des premières étapes a été l’harmonisation de leurs documents d’identité, pensée pour fluidifier les déplacements des citoyens entre les trois pays.
En parallèle, ils ont envisagé la mise sur pied d’une force militaire conjointe forte de 5 000 hommes, chargée de garantir leur sécurité mutuelle et d’affirmer leur autonomie stratégique.
Alors que le Mali, le Burkina Faso et le Niger avancent ensemble sous la bannière de l’AES, leur rupture avec la CEDEAO apparaît désormais comme un tournant structurant, et non comme un simple acte de protestation. En posant les fondations d’un nouveau cadre d’intégration, ces États cherchent à affirmer une souveraineté collective, en dehors des logiques communautaires traditionnelles.
Reste à savoir si cette nouvelle alliance saura transformer ses ambitions politiques en résultats durables.