AES : Air France chassée, les compagnies de ces pays de la CEDEAO s’attaquent au ciel sahélien

Crédits photo : Compte X Officiel Air France

Le ciel de l’AES, autrefois largement dominé par Air France, connaît aujourd’hui une reconfiguration majeure avec la Côte d’Ivoire et le Sénégal à l’attaque.

En effet, depuis l’éviction d’Air France des pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), deux compagnies ouest-africaines, Air Côte d’Ivoire et Air Sénégal, s’organisent méthodiquement pour combler le vide laissé par la compagnie européenne, dessinant ainsi une nouvelle cartographie aérienne dans la région.

Le 27 mai 2025 marquera un tournant avec l’atterrissage d’un Airbus A319 d’Air Sénégal à Niamey, capitale du Niger, une liaison que la compagnie n’avait plus opérée depuis cinq ans.

L’AES visé par la Côte d’Ivoire et le Sénégal après le départ d’Air France

Cette reprise s’inscrit dans une stratégie plus large de redéploiement vers le Sahel, prudemment calculée par le transporteur sénégalais qui, après une vaste réorganisation de son programme en 2024, abandonnant les destinations non rentables comme l’Afrique centrale et les États-Unis, cible désormais des marchés plus modestes, mais délaissés par la concurrence européenne.

« Nous assistons à une africanisation progressive du ciel sahélien », analyse un expert du secteur aérien basé à Dakar aux micros de nos confrères de Jeune Afrique.

« La disparition d’Air France dans ces territoires crée un appel d’air que les compagnies régionales sont prêtes à saisir, malgré les défis logistiques et économiques que cela représente. »

Pour limiter les risques, Air Sénégal adopte une approche couplant ses trois vols hebdomadaires vers Niamey avec une escale à Bamako, autre capitale de l’AES où Air France est également indésirable, mais qui bénéficie d’un marché plus dynamique.

D’ailleurs, la compagnie y intensifiera ses fréquences, passant de 6 à 11 vols hebdomadaires dès le 27 mai 2025.

Quant à Ouagadougou, troisième pilier de l’AES, elle sera desservie quotidiennement à partir de mi-mai, soit via Bamako, soit en escale sur la route d’Abidjan, contre seulement trois rotations hebdomadaires actuellement.

Cette réorganisation ne se limite pas au Sahel, puisque d’autres destinations comme Abidjan, Cotonou et Casablanca bénéficieront également d’augmentations de fréquences, mais c’est bien vers les capitales de l’AES que sont dirigés les efforts les plus significatifs.

Ibra Wane, professionnel de l’aviation basé à Dakar, y voit moins une tentative de remplacer Air France que la continuation logique de la nouvelle politique d’Air Sénégal : « Dans sa stratégie de rationalisation de son programme, la compagnie s’est repliée sur la zone qu’elle maîtrise le mieux, et qui a son propre marché très dynamique. Si l’absence d’Air France lui permet d’engranger du trafic additionnel vers ces trois villes, c’est tant mieux, mais je ne pense pas que ce soit son but premier. »

Parallèlement, Air Côte d’Ivoire déploie une stratégie similaire. Si le transporteur ivoirien maintient pour l’instant ses 13 vols hebdomadaires vers Bamako, il a prévu d’augmenter significativement ses fréquences.

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