Une nouvelle phase de tension s’ouvre entre les États de l’Alliance des États du Sahel (AES) et les géants miniers internationaux.
En effet, dans une escalade sans précédent, plusieurs multinationales, dont Barrick Gold, Orano et GoviEx Uranium, ont engagé des procédures d’arbitrage international contre le Mali et le Niger, menaçant de suspendre leurs activités face aux mesures restrictives imposées par ces pays.
Des situations différentes pour chaque pays de l’AES
Le cas le plus critique concernerait Barrick Gold au Mali, où un possible blocage des exportations d’or du complexe minier de Loulo-Gounkoto menacerait directement l’emploi de 8 000 travailleurs.
Le PDG Mark Bristow a annoncé ce 6 janvier 2025 une possible suspension des opérations si la situation ne se débloque pas rapidement, malgré les tentatives de négociation en cours avec Bamako concernant des redevances impayées estimées entre 300 et 600 milliards de francs CFA.
Au Niger, la situation n’est pas moins tendue. Le gouvernement a retiré les permis d’exploitation d’Orano pour le projet d’uranium d’Imouraren et de GoviEx pour celui de Madaouela, invoquant le non-respect des délais de développement prévus par le code minier.
Ces décisions ont provoqué l’engagement de procédures d’arbitrage par les deux sociétés, qui affirment avoir soumis des plans de développement actualisés dans un contexte de reprise du marché de l’uranium.
Ces conflits révèlent une transformation profonde des relations entre les États de l’AES et les investisseurs étrangers.
Les gouvernements militaires au pouvoir revendiquent une plus grande maîtrise de leurs ressources naturelles, quitte à risquer des confrontations juridiques avec des acteurs majeurs du secteur.
Les conséquences de ces tensions pourraient dépasser le cadre strictement économique. Les communautés locales, parfois bénéficiaires des projets de développement financés par ces entreprises, pourraient aussi subir les retombées des conflits. La résolution de ces différends s’annonce complexe.