Cela fait de nombreux mois maintenant que plusieurs pays africains ont exprimé leur volonté manifeste de se séparer du FCFA.
Et pour cause, cette monnaie est perçue comme un outil colonialiste qui rend plus pauvre les pays africains qui l’utilisent.
Au Sénégal, la sortie du FCFA est revenue sur le tapis depuis l’élection du président Sénégalais Bassirou Diomaye Faye qui en a fait un thème de campagne. Interrogé sur la question, Stéphane Séjourné, ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, pense que la France a déjà joué sa partition dans le processus de la sortie du FCFA et qu’il revient aux Etats africains de prendre leur responsabilité.
Plusieurs années déjà que le débat de la sortie du FCFA des pays africains de la zone CFA se fait sans action concrète de ces derniers et sous le regard de la France. À un moment donné, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a pris le devant des choses avec la proposition d’une nouvelle monnaie dénommée « Eco ».
Depuis cette phase, c’est silence radio. Pendant ce temps, la France, qui est accusée de tirer les ficelles dans l’ombre pour faire échec au projet, s’en lave les mains.
Selon le patron de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, qui a achevé, le 8 avril dernier en Côte d’Ivoire sa première tournée africaine qui l’a mené au Kenya et au Rwanda, il revient aux Etats africains, notamment de la partie ouest de prendre leur responsabilité pour la réalisation effective du projet.
« Si les pays africains se mettent d’accord pour changer le nom, organiser différemment leur organisation monétaire, c’est de la souveraineté des États. Nous voulons bien accompagner ce mouvement.
S’il s’agit uniquement du symbole du nom, il peut être changé. S’il s’agit d’une organisation différente de l’organisation monétaire, elle peut également être changée », a-t-il confié dans une interview accordée à France 24 et RFI.
Un projet prioritaire pour Bassirou Diomaye Faye
La sortie du FCFA est un projet cher pour le nouveau président Sénégalais. Pour lui, il s’agit d’une question de souveraineté qui doit être résolue. Il compte actionner à nouveau le processus de création de la monnaie Eco au niveau de la CEDEAO pour faciliter la transition après la sortie du FCFA.
Bassirou Diomaye Faye a d’autres cartes dans son sac. Si le projet Eco ne prend pas, il envisage de procéder autrement en ce qui concerne son pays, le Sénégal.
Tenant d’une ligne souverainiste, le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a prôné pendant sa campagne une rupture avec la devise actuelle, utilisée dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) formée par le Sénégal, le Mali, le Burkina, le Niger, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Bénin et la Guinée-Bissau.
Également, six pays d’Afrique centrale utilisent le FCFA, dans une union monétaire distincte, où le débat sur une éventuelle sortie est pour l’heure moins intense.
Les critiques envers le franc CFA, dont les billets sont toujours imprimés à Chamalières, en France, ne sont pas récentes. Sa parité, arrimée à un euro fort qui pénalise les exportations, est fréquemment visée par ses détracteurs.
La montée du sentiment hostile à la politique française en Afrique dans plusieurs pays de la région, notamment au sein des populations les plus jeunes, a accentué l’impopularité de la devise. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, gouvernés par des régimes militaires qui ont tourné le dos à Paris et quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour s’allier avec la Russie au détriment de la France, ont eux aussi évoqué une sortie du FCFA.
La monnaie unique Eco devrait être lancée avant 2027 selon l’agenda établi. Lors du 59e sommet ordinaire de la CEDEAO tenu au Ghana, Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la CEDEAO, avait déclaré : « Nous avons une nouvelle feuille de route et un nouveau pacte de convergence qui couvrira la période 2022-2026, et 2027 étant le lancement de l’Eco ».
Selon certains économistes, cet espoir suscité va devoir affronter des obstacles. Le Sénégalais Malick Sané s’inquiète du cas des pays hors UEMOA. Dans un entretien accordé à BBC, il a évoqué l’exemple du Nigeria, qui comme d’autres pays, devraient faire converger leurs économies pour la concrétisation de l’Eco dans l’espace CEDEAO.
Faire converger une économie comme celle du Nigéria, qui est le pays leader, largement leader par rapport aux autres pays, pose un problème et surtout des problèmes techniques. Vous voyez déjà, du point de vue de la démographie, le Nigéria c’est 270 millions d’habitants alors que les autres pays tournent autour de 20 millions d’habitants.
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