Le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz a appelé ce mardi 6 mai 2025 l’administration Trump à « se tenir à l’écart » de la politique intérieure de son pays, suite au soutien appuyé apporté par plusieurs responsables au parti d’extrême droite AfD.
Annonçant un premier entretien téléphonique jeudi avec le président américain Donald Trump, le nouveau chancelier allemand a dit sur la chaîne de télévision ZDF vouloir « encourager et inciter le gouvernement américain à laisser la politique intérieure en Allemagne rester une affaire intérieure, et à se tenir largement à l’écart de ces considérations politiques partisanes ».
Il a aussi dénoncé des « observations absurdes » sur son pays venant de Washington.
Vendredi, deux figures centrales de l’administration Trump, le vice-président JD Vance et le chef de la diplomatie Marco Rubio, avaient fustigé la décision du Renseignement intérieur allemand de classer le parti Alternative pour l’Allemagne (AfD) comme « extrémiste » et menaçant « l’ordre démocratique ».
« L’AfD est le parti le plus populaire d’Allemagne, et de loin le plus représentatif de l’Allemagne de l’Est. Aujourd’hui, les bureaucrates tentent de le détruire », a dit JD Vance, accusant « l’establishment allemand » d’avoir « reconstruit » le mur de Berlin.
Marco Rubio a dénoncé une « tyrannie déguisée » en Allemagne et appelé les autorités à faire « marche arrière ».
« J’avais jusqu’ici toujours eu l’impression que les Etats-Unis pouvait faire la distinction entre les partis extrémistes et modérés », a répliqué Friedrich Merz, soulignant ne pas s’être « immiscé » dans la récente campagne présidentielle américaine.
L’administration Trump est prompte à dénoncer ce qu’elle perçoit comme des atteintes à la liberté d’expression en Europe visant les partis qui lui sont idéologiquement proches.
La campagne législative allemande avait été marquée par le soutien appuyé du milliardaire Elon Musk, devenu un membre de l’équipe Trump, à l’AfD.
Ce parti, en tête de récents sondages en Allemagne, a lancé lundi une action en justice contre la décision du Renseignement intérieur.
Grâce à cette classification, les autorités sont désormais habilitées à intensifier leur surveillance policière du parti, y compris en interceptant, si nécessaire, les communications privées de ses dirigeants.
Cette décision a aussi relancé le débat sur une éventuelle interdiction de l’AfD, que seuls le gouvernement ou l’une des chambres du Parlement peut demander auprès de la Cour constitutionnelle.
M. Merz n’a pas exclu mardi cette hypothèse, mais souligné qu’une telle procédure ne « résoudrait pas » le « problème » du vote en faveur l’extrême droite.
@Avec l’AFP