6 374  milliards ; voilà combien ce voisin du Togo a perdu en 5 ans à cause de…

6 374  milliards Togo

Crédits photo : Données Google Maps

6 374  milliards ; c’est la somme qu’a perdu un voisin du Togo à cause d’un mal qui le gangrène depuis des lustres.

Le Ghana, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a en effet vu s’envoler 6 374 milliards de francs CFA entre 2019 et 2023 à cause de la contrebande d’or.

Cette somme astronomique représente un manque à gagner de 11,4 milliards de dollars pour ce pays d’Afrique de l’Ouest, premier producteur d’or du continent africain.

L’ONG suisse Swissaid vient de publier un rapport accablant sur la contrebande d’or ghanéen. Le document révèle l’ampleur des pertes financières subies par le Ghana, voisin direct du Togo : les 6 374 milliards correspondent aux revenus que le pays aurait dû percevoir grâce à ses exportations officielles d’or.

Le Ghana occupe une position stratégique sur le marché mondial de l’or. Ce pays produit officiellement 129,1 tonnes d’or par an selon les données de 2023. Cette performance le place au premier rang des producteurs africains et dans le top 10 mondial. Cependant, une partie importante de cette richesse échappe totalement au contrôle des autorités.

L’exploitation minière artisanale représente le cœur du problème. Cette activité, appelée ASM (Artisanal Small Scale Mining), génère au moins un tiers de la production totale d’or du Ghana.

Contrairement aux mines industrielles, ces exploitations artisanales opèrent souvent dans l’illégalité. Elles s’installent même dans des zones protégées comme les réserves naturelles.

Les mineurs artisanaux travaillent désormais dans toutes les régions minières du pays. Beaucoup d’entre eux n’ont aucune autorisation officielle. Plus préoccupant encore, certaines opérations mécanisées sont dirigées par des ressortissants chinois sans respect des réglementations locales.

Selon les informations rapportées par nos confrères de l’Agence Ecofin, la contrebande suivrait des routes bien établies à travers l’Afrique de l’Ouest. Les contrebandiers feraient transiter l’or ghanéen par le Togo en premier lieu. Ensuite, le métal précieux passerait par le Burkina Faso et le Mali avant d’être expédié vers d’autres destinations. Cette circulation profite de la porosité des frontières entre ces pays voisins.

Dubaï constitue la destination finale principale de cet or de contrebande. Les Émirats arabes unis représentent une plaque tournante mondiale du commerce de l’or. Les trafiquants utilisent également une route directe vers cette destination. Dans ce cas, ils transportent l’or en bagage à main dans les avions commerciaux via les aéroports internationaux.

L’analyse des données révèle l’ampleur réelle du phénomène. Swissaid s’est appuyée sur la base de données UN Comtrade de l’ONU pour comparer les chiffres. L’organisation a découvert un écart de 229 tonnes entre les exportations déclarées par le Ghana et les importations déclarées par les pays destinataires sur cinq ans.

Cette quantité manquante de 229 tonnes représente exactement les 11,4 milliards de dollars perdus (6 374 milliards de francs CFA). Le calcul se base sur le prix moyen de l’or durant la période étudiée et une pureté estimée à 90%. En 2023 seulement, environ 34 tonnes d’or artisanal ont échappé aux circuits officiels.

Les politiques fiscales ont aggravé la situation. En 2019, les autorités ghanéennes ont imposé une taxe de 3% sur les exportations d’or artisanal. Cette mesure s’est révélée totalement contreproductive. Elle a provoqué un effondrement des exportations déclarées et une explosion de la contrebande.

La réduction de cette taxe à 1,5% en 2022 a partiellement inversé la tendance. Les exportations officielles ont alors recommencé à augmenter. En mars 2025, le ministère des Finances a complètement supprimé cette taxe sur les achats d’or brut auprès des mineurs artisanaux.

Néanmoins, cette suppression ne suffira probablement pas à résoudre le problème. La contrebande s’explique par des facteurs plus profonds selon Swissaid. La corruption endémique, la mainmise de l’élite politique sur l’État et la collusion entre fonctionnaires et contrebandiers alimentent ce trafic lucratif.

Ces 6 374 milliards perdus illustrent parfaitement les défis auxquels font face les pays riches en ressources naturelles ; le voisin du Togo doit impérativement renforcer ses contrôles frontaliers et lutter contre la corruption pour récupérer ces revenus essentiels à son développement économique.

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