Le projet de création d’une banque d’investissement et de développement au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES) vient de passer un grand palier.
En effet, mi mars 2025, le général d’armée Assimi Goïta, président de la transition malienne et président en exercice de l’AES, a annoncé que l’institution financière sera dotée d’un capital initial de 500 milliards de francs CFA, soit environ 7,62 milliards d’euros.
Cette annonce intervient dans un contexte de réorganisation régionale majeure pour les trois pays membres – Mali, Burkina Faso et Niger – qui ont quitté la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
La future banque représente un pilier de leur stratégie d’autonomie financière et de développement économique.
« La mise en place de cette institution financière vise à financer des projets d’envergure dans les secteurs des infrastructures, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire », indiquent des sources consultées par nos confrères de Sika Finance. L’objectif affiché est également « d’accélérer l’intégration régionale pour les populations du Sahel ».
La réunion-bilan présidée par le général Goïta a pareillement permis d’aborder plusieurs dossiers stratégiques pour l’alliance.
L’élaboration d’un code des douanes AES figure parmi les priorités, avec pour ambition de faciliter la libre circulation des biens entre les trois États.
Des projets d’infrastructures d’envergure ont aussi été discutés, notamment la construction d’un réseau ferroviaire commun et la création d’une compagnie aérienne partagée.
Ces initiatives s’inscrivent dans la continuité des travaux entamés en janvier 2025, lorsque les experts des trois pays s’étaient réunis à Bamako pour réfléchir aux contours de cette future banque régionale.
Alhousseini Sanou, ministre malien de l’Économie et des Finances, avait alors souligné que cette démarche s’inscrivait « dans le cadre de la réalisation des actions prioritaires de la feuille de route de la Confédération des États du Sahel ».
L’Alliance des États du Sahel, formalisée par la signature de la Charte du Liptako-Gourma, avait initialement été conçue comme une alliance de défense collective.
Elle s’est progressivement transformée en un projet d’intégration économique et politique plus ambitieux, sur fond de tensions croissantes avec la CEDEAO et de dégradation des relations diplomatiques avec la France.
La création de cette banque dotée de 500 milliards de francs CFA marque donc une nouvelle étape dans l’affirmation de l’AES comme acteur régional autonome.
La nouvelle banque de l’AES témoigne de la volonté des trois États sahéliens de mutualiser leurs ressources pour financer leur développement selon leurs propres priorités, indépendamment des mécanismes financiers de la CEDEAO dont ils se sont détachés.