Paradoxe saisissant dans l’industrie nucléaire française : malgré la perte de contrôle de ses activités au Niger, le groupe Orano affiche des résultats financiers exceptionnels pour l’année 2024.
En effet, le géant du cycle du combustible nucléaire a annoncé ce mercredi un bénéfice net de 633 millions d’euros, soit 415 milliards de francs CFA, presque le triple de celui de 2023.
Il est à noter que cette performance d’Orano intervient dans un contexte particulièrement tendu au Niger.
Le groupe a dû acter la perte du contrôle opérationnel de ses filiales Somaïr, Cominak et Imouraren, conduisant à des provisions et dépréciations de 193 millions d’euros.
Une situation que David Claverie, directeur financier d’Orano, attribue aux « ingérences répétées des autorités locales nigériennes » dans la conduite des opérations.
La résilience financière du groupe s’explique notamment par la concrétisation de contrats majeurs avec des électriciens japonais, liés au rapatriement de déchets radioactifs traités à l’usine de La Hague.
Le chiffre d’affaires a ainsi bondi de 23% pour atteindre 5,87 milliards d’euros, porté également par une dynamique favorable des prix sur les marchés de l’uranium.
Face à ces bouleversements géopolitiques, Orano intensifie sa stratégie de diversification géographique.
Le groupe, déjà présent au Canada et au Kazakhstan, vient de signer un accord prometteur avec la Mongolie pour l’exploitation d’un vaste gisement d’uranium.
Des projets sont également en développement en Ouzbékistan et en Namibie, tandis que le Niger se tourne vers de nouveaux partenaires, notamment russes, chinois et iraniens.
Au final, cette réorientation témoigne de la nouvelle donne géopolitique dans le secteur de l’uranium, où la compétition internationale s’intensifie sur fond de regain d’intérêt mondial pour l’énergie nucléaire.