Avec un marché de 40 000 milliards en vue, la Guinée s’apprête à transformer radicalement son économie minière.
En effet, le 26 mars 2025, un pas décisif a été franchi avec le lancement par le groupe chinois State Power Investment Corporation (SPIC) des travaux d’une usine de production d’alumine dans la préfecture de Boffa.
Il s’agit d’un projet qui vise à positionner stratégiquement la Guinée sur un marché mondial estimé à 66 milliards de dollars d’ici 2035, soit plus de 40 000 milliards de francs CFA.
Deuxième producteur mondial de bauxite avec plus de 140 millions de tonnes exportées en 2024, la Guinée cherche désormais à valoriser cette richesse naturelle.
La transformation de la bauxite en alumine représente une étape cruciale dans cette stratégie. Les analystes de Verified Market Research prévoient une croissance annuelle composée de 5% pour ce marché, tandis que Roots Analysis anticipe une valeur globale de 66 milliards de dollars en 2035.
L’investissement de SPIC, chiffré à 1,03 milliard de dollars, permettra la création d’une usine d’une capacité annuelle de 1,2 million de tonnes, opérationnelle dès 2028.
Le projet entre dans une dynamique incluant l’initiative de l’homme d’affaires franco-guinéen Fadi Wazni avec sa société Alteo dans la région de Boké, ainsi qu’un accord de 4 milliards de dollars signé avec Emirates Global Aluminium (EGA).
Paradoxalement, malgré son statut de géant de la bauxite, la Guinée ne dispose actuellement que d’une seule raffinerie d’alumine, Friguia, exploitée par le groupe russe Rusal.
Cette situation limite considérablement la participation du pays à un marché où l’alumine se négocie environ cinq fois plus cher que la matière première.
Le 26 mars, l’alumine pour livraison en juin s’échangeait à 391 dollars la tonne sur la bourse des métaux de Londres, contre seulement 89 dollars pour la bauxite sur le Shanghai Metals Market.
Au-delà des retombées financières, cette industrialisation promet des bénéfices sociaux significatifs. Le seul projet SPIC devrait générer 600 emplois directs et plusieurs milliers d’opportunités indirectes, dans un secteur qui comptait 8147 employés déclarés en 2022, dont uniquement 2070 Guinéens.
Cependant, des défis majeurs subsistent, notamment concernant l’approvisionnement énergétique. Dans un pays où plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’électricité, la transformation de la bauxite, particulièrement énergivore, constitue un défi technique considérable.
L’Atlantic Council rappelle que le raffinage nécessite près de cent fois plus d’énergie que l’extraction (3000 kWh contre 34 kWh par tonne).
La concrétisation de ces projets dépendra également de la capacité du gouvernement à rassurer les investisseurs, comme l’illustre la suspension des exportations d’EGA en octobre 2024, motivée par des retards dans la construction de sa raffinerie promise.