Au moins 20 civils ont été tués dans une frappe aérienne dans le nord-ouest du Nigeria, dans l’un des bombardements les plus meurtriers de ces dernières années dans le pays, ont indiqué ce lundi 2 mai 2025 à l’AFP des habitants en évoquant une erreur de l’armée.
Il s’agit de la troisième frappe aérienne fatale à des civils depuis 2022 dans l’État de Zamfara, où l’armée lutte contre des gangs criminels, appelés « bandits », qui attaquent, pillent puis incendient des villages, et tuent ou enlèvent des habitants.
Selon plusieurs habitants, des bandits ont attaqué la semaine dernière les villages de Mani et Wabi, dans le district de Maru de l’Etat de Zamfara.
Les civils ont alors alerté les forces de sécurité, qui ont dépêché un avion militaire pour leur venir en aide. Mais l’appareil a confondu des membres du groupe d’autodéfense avec les bandits et les a bombardés entre les villages de Maraya et Wabi, ont-ils indiqué.
« La frappe aérienne a coûté la vie à 20 personnes » samedi, a indiqué à l’AFP Ishiye Kabiru, un habitant du district de Maru, où a eu lieu le raid aérien.
Contactée par l’AFP sur le sujet, l’armée n’a pas répondu dans l’immédiat.
« Les membres de nos groupes d’autodéfense du village de Maraya et des villages voisins se sont rassemblés pour traquer les bandits. Malheureusement, un avion militaire les a pris pour cible, les confondant avec les bandits », a ajouté M. Kabiru.
Buhari Dangulbi, un autre habitant de Maru, a fait le même récit.
Pillages et kidnappings
« Nous avons été frappés par une double tragédie samedi. Des dizaines de personnes et plusieurs vaches ont été enlevées par des bandits et ceux qui suivaient les bandits pour les secourir ont été bombardés par un avion de chasse. Vingt d’entre eux ont été tués », a-t-il déclaré.
Un autre témoin, Alka Tanimu, a aussi indiqué que les civils tués ont tenté de secourir des habitants « kidnappés » et « de récupérer du bétail volé ».
Amnesty International au Nigeria a appelé les autorités à « enquêter de manière transparente » sur cet incident.
« Les attaques de bandits justifient clairement une réponse de l’État, mais mener des frappes aériennes inconsidérées sur des villages, encore et encore, est absolument illégal », a déclaré le groupe de défense des droits dans un message publié sur X.
Les bandits terrorisent depuis longtemps certaines régions du nord-ouest du Nigeria, opérant à partir de campements situés au cœur des forêts et lançant des raids dans les villages pour piller et kidnapper des habitants en vue d’obtenir une rançon.
Dans le nord-est du Nigeria, les groupes jihadistes ont été repoussés des territoires qu’ils contrôlaient au plus fort du conflit, mais ils poursuivent leurs actions dans les zones rurales, où l’on observe une recrudescence des attaques ces derniers mois.
Des frappes aériennes ont déjà coûté la vie à des civils luttant contre les groupes criminels ou jihadistes au Nigeria.
En janvier, au moins 16 personnes avaient été tuées dans une frappe aérienne militaire dans l’Etat de Zamfara, dans le nord-ouest du Nigeria, selon les habitants.
En décembre 2023, une frappe aérienne a visé par erreur un rassemblement de fidèles musulmans à Tudun Biri (Etat de Kaduna, nord-ouest), faisant au moins 85 morts.
En janvier 2017, au moins 112 civils ont été tués lorsqu’un avion de chasse a frappé un camp abritant 40.000 personnes déplacées par les violences djihadistes à Rann, près de la frontière avec le Cameroun.